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ÉCHO des pressoirs

 

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L'écho des pressoirs n°185 octobre 2010

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Editorial : CHABROL ET SES NUITS


C’est un personnage haut en couleur qui a disparu le 12 septembre dernier à l’âge de 80 ans. Avec plus de cinquante films à son actif, Claude CHABROL était considéré comme le plus épicurien des réalisateurs français. D’aucuns allaient jusqu’à le soupçonner d’organiser ses tournages exclusivement sur des terres rassasiantes où le vin enchante la vie. L’intéressé ne démentait pas. Cet homme qui ne savait envisager la vie sans les plaisirs toujours renouvelés de la table portait un regard infiniment suspect sur ses confrères buveurs d’eau. Chez CHABROL savoir manger et boire ne tenait pas de la politesse ou de la coquetterie de la vie, mais était davantage un signe de civilisation.

Evocation par l’intéressé d’un souvenir de dégustation MES NUITS ST GEORGES 1945 :

«  Mon ami Girardot, antiquaire en vins, comme d’autres sont spécialistes en meubles Louis XVI, m’avait procuré trois Nuits St Georges de cette année mythique où la France s’est libérée du joug allemand. Cet automne-là, la nature était de la partie pour produire un millésime d’exception, tant dans le Bordelais qu’en Bourgogne. Faibles rendements à l’hectare accompagnés d’un bel ensoleillement : 1945 produisit de petits raisins croquants et très concentrés.

La première bouteille qu’il me fut donné d’ouvrir nous procura un plaisir immense, tout en douceur et en rondeur alcoolique. Le vin avait remarquablement vieilli et résonnait encore du chant de la victoire. Nous le bûmes avec délectation et, reconnaissons-le, avec un certain cérémonial.

Fort de ce moment d’éternité, j’ai souhaité renouveler la part de magie qui avait illuminé la première dégustation de ce 1945. Et là, la déception fut totale. La débâcle ! Le vin avait perdu toute sa substance et n’était plus qu’une infâme piquette. Ce soir-là, nous dûmes nous rabattre sur un bourgogne qui ne relevait pas du musée des antiquités.

Restait donc la troisième bouteille ! Dans la famille Chabrol, les prétextes ne manquent pas. Je choisis l’anniversaire de ma fille en prévenant les convives qu’il fallait s’attendre au pire comme au meilleur. D’emblée, le bouchon offrit la résistance que j’espérais. Et, dès la première gorgée, je sus que le miracle de la première bouteille serait transcendé. Robe superbe. Une suavité parfaite. Un pur moment de bonheur qui se fondait généreusement dans le palais en excitant mes papilles. Et, dans ma tête, défilaient des images en noir et blanc. L’ivresse de la Libération ressuscitée… ».

 

Jean-Paul  (Extraits du livre « A boire sur paroles »)

nouveau: traduction automatique en 50 langues!!

 

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