Editorial : Quels sont les principaux cépages des AOC françaises ?
Comme vous tous, sauf si on excepte les quelques uns d’entre nous abonnés à des scores supérieurs à 110,
j’ai beaucoup d’incertitudes lorsqu’il s’agit de découvrir le cépage unique, ou les
deux cépages principaux d’un vin. Et je considère aujourd’hui que les documents que nous utilisons
pour aider notre jugement défaillant sont parfois d’un faible secours.
Fort légitimement, nos documents ignorent le pignerol (autorisé pour le Bellet), ou le prunelard (cultivé sur
2 ha dans la région de Gaillac), et heureusement pour nous, nos gentils organisateurs ont jusqu’ici évité de
nous en proposer !
Mais quelques cépages importants sont oubliés, comme le grenache blanc (ooops !) ou la counoise, utilisée
pourtant dans 13 AOC.
D’autres, surtout dans les noirs, sont fort confidentiels, comme le braquet, le calitor ou la mérille, pour
laquelle notre feuille est muette !
Pour ce qui est des appellations, notre aide-mémoire (qui présente les régions et sous régions),
a pris si j’ose dire de la bouteille : certaines AOC n’existent plus, d’autres sont omises (les Côtes
de Toul, le Cabardès et même le Saint-Émilion Grand Cru). Et les documents sur les cépages donnent
dans la colonne « appellations produites » une liste où se côtoient sans distinction AOC
et VDQS et de plus souvent incomplète : le rolle ou vermentino est autorisé dans huit appellations du
Languedoc Roussillon), et il faudrait l’indiquer. A contrario, l’exhaustivité est impossible sur un document
court : comment faire apparaître les 39 appellations utilisant le mourvèdre ou les 31 du grenache blanc ?
Au travail
Je me suis décidé à éclaircir le problème, et ai donc créé une base de données
qui recense toutes les AOC, et pour chacune de ces 233 appellations j’ai récupéré le décret
officiel, d’où on peut extraire la liste des cépages autorisés.
À la fin, j’aurai donc obtenu tous les cépages autorisés dans les AOC (il me reste encore la
Bourgogne).
Et nous pourrons (nous membres du CA) naviguer dans cette base relationnelle : combien de cépages sont-ils utilisés
en Saumurois (6) ou en Provence (35), combien de sous régions utilisent la marsanne (6) ou le malbec-côt (13).
Et nous aurons des surprises : en dehors de l’Alsace, 10 sous régions utilisent le pinot blanc !!
Résultats à suivre
Vous pourrez je l’espère vous aussi naviguer dans cette base, si j’arrive à lui donner
une traduction sur le web.
Et le CA pourra revoir nos documents d’accompagnement des dégustations, mais il lui faudra répondre à une épineuse
question :
Qu’est ce qu’un cépage important ?
Si on élimine les cépages dont la surface cultivée est trop petite, ou qui participent à trop
peu d’appellations, nous supprimerons alors le Romorantin qui n’est cultivé que sur 80 Ha, mais c’est
le seul cépage autorisé dans une appellation de Touraine, le Cour Cheverny. La réflexion devra se poursuivre… après
les vacances !
Vincent