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ÉCHO des pressoirs

 

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L'écho des pressoirs n°212 décembre 2013

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Editorial de Pierre : Le plus vieux Champagne rosé du monde

« En vérifiant les stocks, je suis tombé par hasard sur un 1878 que je ne connaissais pas. En le mirant, il me semblait bien qu'il s'agissait d'un champagne rosé ». Benoît Gouez, le chef de cave de la maison Moët et Chandon, a la main heureuse. Mais, jusqu'au dernier moment, le doute subsiste : s'agit-il vraiment de rosé ? Le verre sombre de la bouteille ne permet pas d'en être absolument certain. En effet, les vastes caves de la maison regorgent de flacons qui sont pour l'essentiel de classiques champagnes blancs ; les rosés sont plus rares.

L'ouverture est effectuée avec brio « à la volée » par le grand spécialiste maison, Thierry Gall, qui a déjà débouché tant de vieux millésimes. Il s'agit bien d'un champagne rosé ! Et il est superbe.

« Ses arômes de café et de fraises sont envoûtants, la bouche est encore de belle tenue, certes très suave, mais d'une bonne longueur et d'une incroyable jeunesse grâce à une belle acidité », précise Lau Chi-sun, le critique de Hong Kong de Wine Now.

Ce 1878 n'est pas unique. La maison a constitué depuis 1920 la Collection des Grands Vintages Rosés et elle a profité de cette dégustation pour présenter à la fois son petit dernier, le 2004, mais aussi les 1998, 1980, 1976,1961, 1955 et 1949. Qui a dit que les champagnes rosés vieillissaient mal ? Si le 1998 fait preuve d'élégance, le 1980 se montre très frais, mais le 1976 reste peu évolué comme beaucoup de vins de ce millésime. Le 1949, pour sa part, est jugé sublime en dépit d'une acidité basse et d'un alcool élevé

L'histoire du rosé remonte très loin. La maison Moët et Chandon a même découvert que Napoléon Ier et sa mère avaient acheté, en 1801, un lot de cent bouteilles de cuvée « Rozé » de 1794 à Jean-Rémy Moët. Mais les temps ont beaucoup changé, puisque l'analyse du 1878 trahit un dosage de 100 grammes de sucre par litre et la présence d'acide malique, alors que le 2004 n'est dosé qu'à 5 grammes par litre. Ce dernier, néanmoins, avec 45 % de pinot noir, dont 22 % de vin rouge, 31 % de chardonnay et 24 % de pinot meunier, s'inscrit bel et bien comme un héritier de cette longue histoire

La vraie limite du champagne rosé demeure la disponibilité d'un excellent vin rouge qui est ajouté au vin blanc. Pour le millésime 2004, il représente tout de même 22 % du volume. La Champagne se situe à la bordure septentrionale des terres propices à la culture des raisins rouges. Ils ont beaucoup de mal à mûrir et l'élaboration d'un bon vin rouge est un travail délicat.

D'ailleurs, il existe aujourd'hui fort peu de coteaux champenois rouges qui tiennent la comparaison avec un grand bourgogne. Certes, dans le passé lointain, au XVe siècle, la Champagne rivalisait avec la Bourgogne à la cour du roi de France, mais une période de refroidissement climatique a changé la donne.

Difficile de produire un vin rouge, mais pas impossible. Moët et Chandon à montré son savoirfaire lors d'une dégustation de vins rouges de Bouzy, qui servent à l'élaboration du champagne rosé. Elle a permis de montrer l'excellence des 2012, la puissance des 1990, un ferme et coloré 1969 et de splendides 1959, 1947 et 1928. De surprenants vins rouges de Rilly-la-Montagne de 1928 et 1929 ont achevé la démonstration magistrale.

Si le Moët Rosé Impérial est, comme le blanc, élaboré chaque année, le Grand Vintage Rosé n'existe que lorsque l'année s'y prête, et ce n'est pas si fréquent. Le 2004 est le 70e millésime blanc, mais il n'est officiellement que le 39e pour le rosé en raison de la difficulté supplémentaire pour obtenir un bon vin rouge.

À contre-courant de bien des maisons qui font dans les champagnes rosés très pâles et légers, ici, on défend un style assez coloré, intensément fruité avec de la générosité, voire de l'opulence : des champagnes rosés avec du tempérament. Et, selon Napoléon, le vrai caractère perce presque toujours dans les grandes circonstances.

Pierre

selon Le Figaro 18 avril 2013 - Bernard Burtschy

 

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