Editorial :
Samedi dernier, après une superbe dégustation de vins français organisée par Henri
pour le groupe 1, j’ai osé
quitter notre magnifique pays viticole et ouvrir, après ces excellents Gevrey-Chambertin, Côte Rôtie
et Saint-Emilion 1er Grand Cru Classé …, un vin du Portugal de la région du Douro. Peut-être,
pour fêter ce soir là, le dernier match que jouait Pauleta sous les couleurs du PSG, en finale de
la coupe de France de football.
On m’en avait parlé de ces grands vins Portugais, et je ne fus pas
déçu ! Quel beau vin, ce Vinho Tinto 2000 QUINTA DO VALE MEAO de chez Olazabal et Filhos. Un vin
rouge opaque au nez intense et épicé, une bouche riche en fruits, une belle maturité avec
beaucoup de structure, un vin complexe et équilibré, d’une grande longueur soutenue par
une acidité qui lui donne de la fraîcheur.
Il faut dire que ces vignes, actuellement la propriété de
l'ancien président de Ferriera, étaient la principale source des raisins pour Barca Velha, vin
mythique symbolisant dans les années soixante, le début d’une nouvelle ère dans les
vignobles du Douro, la maison Ferriera osant commercialiser un vin sec, issu de vignes
classifiées A destinées à la
production du Vintage. Le vinificateur de l’époque s’était d’ailleurs payé une
visite à Bordeaux, pour y étudier les techniques de vinification des vins secs.
Malgré la
reconnaissance que le Barca Velha trouva sur le marché, le vin se vendant le même prix que Vega
Sicilia alors grande vedette de l’Espagne, il resta tout de même isolé. Il est clair qu’une
entreprise, qui a du succès à vendre toute sa production de Porto à bon prix, ne se risquait
pas dans l’aventure du vin. « Du vin pour les gars, du Porto pour les hommes » était
une phrase qui sortait de la bouche de ceux qui ne voulaient pas « gaspiller »
de bons raisins à la production de vins secs.
Les temps ont changés, et après vingt ans
de modernisation et de restructuration, le Portugal étonne aujourd’hui par la qualité de
ses vins. Le pays produit plus de 7 millions d’hl par an et compte désormais une vingtaine d’appellations
contrôlées, la plus fameuse et la plus ancienne (1756) étant celle du Douro (DOC pour ses
vins secs créée en 1979).
Ce n’est pourtant pas de ce vignoble prestigieux qu’est
parti, dans les années 80, l’élan du renouvellement de la viticulture portugaise, mais de
l’Alantejo,
région de plaines au sud du pays, où l’irrigation est de mise pour la plupart des domaines.
Des
méthodes modernes de conduite du vignoble et une politique de qualité et d’investissements
dans les nouvelles technologies, ont permis aux coopératives de cette appellation Alantejo de développer
des vins de marque.
Devant le succès de ces vins, remarqué par les critiques internationaux, le
Douro commence à réagir et voit arriver à la fin du siècle dernier, des investisseurs étrangers
et producteurs réputés comme le néerlandais Dirk Niepoort.
Depuis lors, une nouvelle vague
de producteurs portugais ont revu leurs méthodes de vinification et ont appris à tirer parti de
l’extraordinaire diversité de leurs cépages.
On y recense plus de 200 variétés,
dont les principales se nomment alvarinho (utilisé pour le Vinho Verde), aragonez, tringadeira, ou encore
le fameux touriga national apprécié pour ses arômes de fruits rouges et ses notes florales.
« Le
Touriga national, cultivé du Douro à l’Alantejo, est un cépage très complet
qui peut donner seul des vins remarquables, mais il est plus considéré ici comme la colonne vertébrale
du vin » explique Luis Duarte, directeur général du domaine Grous (Alantejo), très
connu pour ses vins alliant cépages internationaux (cabernet sauvignon, merlot, chardonnay) et cépages
typiques. Cet œnologue a notamment exercé ses talents en élaborant toute une gamme de vins à la
mode au Portugal, Malhadinha Nova.
C’est donc, fort d’une vingtaine d’appellations contrôlées,
de fameux terroirs et d’une multitude de cépages, que le Portugal entend faire connaître
la qualité et la diversité de ses vins à l’export. Nous avons aujourd’hui de
quoi déguster, chers BCBGistes. Pour certains experts internationaux, c’est d’ailleurs le
pays viticoles le plus imaginatif au monde. Pour ce qui nous concerne, n’imaginons pas, goûtons
!
François