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ÉCHO des pressoirs

 

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L'écho des pressoirs n°158 septembre 2007

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Le vin : un art et une industrie

Certains d'entre vous se souviennent peut-être d'avoir eu à disserter, quand ils étaient lycéens, sur ce propos d'André Malraux (en1937) : «  par ailleurs, le cinéma est une industrie ».

Aujourd'hui je me propose d'effleurer rapidement l'opposition classique entre art et industrie, rapportée non pas au cinéma mais au vin.

Il va de soi qu'au BCBG notre inclination est d'appréhender le vin sous un angle culturel, en opposition au vin qui n'est parfois qu'un banal produit de l'industrie agro-alimentaire.

J'en veux pour preuve notre curiosité, au fil des dégustations « prestige », pour les vins d'exception qui souvent sont les œuvres de vignerons au statut d'artiste, ces derniers ayant une connaissance des terroirs, une maîtrise technique et une sensibilité remarquables. Nous sommes sensibles à l'environnement culturel du vin, plus ou moins lecteurs d'ouvrages qui traitent de son histoire et de son apport à la civilisation; nous sommes aussi curieux de visiter les vignobles et apprécions le contact des vignerons ; enfin nous avons acquis un savoir empirique de dégustateur.

Nous avons développé un sens du goût qui nous est propre, et sommes devenus progressivement capables de hiérarchiser les vins; à cet égard notre cave ressemble à notre bibliothèque, toutes deux disent qui nous sommes.

Or, pour certains acteurs de l'agro-alimentaire, nous serions, en vertu de ce qui précède, une élite responsable de la diminution de la consommation du vin en France. En effet, nous sommes parfois devenus des adeptes du « mieux boire » et de fait nous buvons moins. Cette philosophie nuirait à la promotion d'un « vin populaire » dont la consommation massive pérenniserait un niveau quantitatif élevé de la production, et permettrait de sauver ainsi de nombreux vignerons menacés de disparition.

La notion de « vin populaire » promue par les professionnels de l'agro-alimentaire répond à des critères nouveaux, purement commerciaux, définis à partir de l'attente supposée de la clientèle visée :

  • Cette dernière souhaiterait des vins peu alcoolisés ; il faut donc procéder à la désalcoolisation et proposer des vins à 9 degrés.
  • Le vin qui se vend dans le monde est facile à identifier, donc il faut simplifier nos catégorisations et standardiser nos produits.
  • Le goût du jour est au packaging en cannettes aluminium : il faut donc offrir un conditionnement de ce type aux jeunes consommateurs.
  • Le créneau du vin aromatisé est prometteur : il faut s'y engouffrer.

La communication sera adaptée à ces nouvelles pratiques, le vin ne devra plus être présenté comme un produit noble et culturel (donc élitaire…) mais comme un rival séduisant de tous les sodas qui plaisent au segment jeune de la clientèle ciblée.

Un tel activisme commercial peut faire soupirer, mais il est aussi le signe d'un sursaut vital face à la chute de la consommation des vins de table, une expression de volontarisme économique dans un contexte mondial bouleversé.

En conclusion, l'opposition de départ entre « vin, produit de l'art et de la tradition » et vin « produit industriel » est révélatrice de tensions, mais n'aboutit pas au constat d'une incompatibilité absolue. Il existe un espace de cohabitation possible, tant les marchés diffèrent.

Mais dans une perspective de réchauffement climatique inévitable, aucune des deux filières n'est sûre de son avenir. Quels vins boiront les bécébégistes en 2050 ?

Gildas

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