Editorial : LA NAISSANCE D’UN VIN
Je vous livre tout net cet édito, avec empressement, pris par
le temps qui nous file entre les doigts.
Une nouvelle qui m’avait surpris il y a quelques mois déjà,
une nouvelle pleine de fraîcheur et de promesses, comme une bulle rosée et délicatement
pétillante sous la langue : un nouveau vin, un crémant vient de voir le jour dans le vignoble
nantais. Achèvement d’un travail mené en secret depuis huit ans, ce vin mousseux rosé,
porte la signature d’un groupe de passionnés.
Le muscadet se mettrait donc au rosé et aux bulles ?
Ils ont d’abord remis sur le devant de la scène un cépage
oublié, le berligou : « dans notre vignoble dès 1430, on trouve des traces de
ce pinot noir » souligne Marcel Jussiaume, un des pères du nouveau crémant. Quelques
ceps de berligou ont même été conservés. Ils ont fait des petits.
Deuxième évènement : il y a quelques années,
Jean-Luc Viaud, viticulteur au Landreau découvre des raisins rouges dans une de ses parcelles de muscadet.
Une mutation, comme seule la nature peut en produire.
Mais une mutation qui a tenu et s’est perpétuée !
« On a appelé ce nouveau cépage, le melon
de Bretagne » lâche dans un sourire Marcel Jussiaume. Le pendant du melon de bourgogne unique
cépage du muscadet.
Une fois toutes les étapes administratives et sanitaires franchies,
la première bouteille de ce nouveau vin, fruit d’un délicat assemblage de berligou et
de melon de Bretagne, a été ouverte et dégustée.
Un plaisir que le consommateur ne pourra s’offrir que dans une
huitaine d’années, le temps de planter les ceps ; qu’ils grossissent et donnent des
raisins qui seront vinifiés, avec une double fermentation pour l’effet effervescent.
C’est long, mais on peut faire preuve de patience pour déguster
un vin unique au monde !
Jean Paul