Editorial : Comme aurait dit si bien Verlaine, au vin mauvais…
«… J’abandonne sur une chaise le journal du matin,
les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent »
Au retour du CA dont le compte rendu figure ci-contre, à bord du 4x4 « bling-bling » que
François pilotait aimablement vers la rive droite (les secrétaires vont par deux, comme les
bonnes soeurs, avez-vous remarqué ?), la radio diffusait un vieux tube rock’n’roll
de Stephan Eicher.
J’ai dit à François : « Voilà une idée pour mon édito ! »
Il m’a répondu : « Non, surtout pas de mauvaises nouvelles pour nos fidèles lecteurs ! »
Et pourtant, l’actualité récente, telle qu’elle nous est rapportée par les médias
généralistes et nationaux, tient le vin en mauvaise part :
- Fraude massive (70 millions de litres de vin de table) en Italie :
mise en danger de la vie des consommateurs par ajouts d’acides divers et de soufre ;
- Publication d’un rapport commandé par les associations
du Pesticides Action Networks Europe (PAN-Europe) faisant état de la présence de résidus
de pesticides dans tous les vins analysés (34 bouteilles européennes) issus de l’agriculture
conventionnelle. Seuls les vins issus de l’agriculture biologique (6 bouteilles) n’en contenaient
pas, ou très peu pour l’une d’entre elles.
- Niveau de contamination : 5800 fois supérieure à la
concentration maximale autorisée (CMA) dans l’eau du robinet.
- Risques sanitaires : parmi ces résidus, certaines molécules
sont cancérigènes, ou toxiques à divers niveaux (effets possibles sur le système
nerveux, perturbations endocriniennes, etc.)
Boulevard Jean Moulin, François a résisté :
- « tu te prends pour Nicolas Hulot ? »
- « ok, j’arrête là le tableau… »
Sur Radio-nostalgie, Stéphan Eicher, lui, rajoute une couche
de noir :
« Est-ce que tout va si mal ? Est-ce-que rien ne va bien ?
L’homme est un animal »
- « Et si je me prenais pour Daniel Schneidermann ? »
- « Dans ce cas, je crains le pire, mais vas-y… »
Le vin n’intéresse les médias généralistes
que s’il est à l’origine d’une affaire ou d’un scandale. Il n’est jamais
médiatiquement correct de parler du vin en termes élogieux, ou de plaisir, peut-être à cause
de la loi Evin, qui semble avoir généré une auto-censure dans les rédactions.
Il est possible d’en parler, par exemple sous forme d’une « carte postale » au
moment des vendanges dans un journal télévisé, mais guère plus. Ou alors dans
un cadre culturel élargi, si le vigneron est célèbre et la région prestigieuse
(cf « Des racines et des ailes » au début de ce mois, Nicolas Joly dans un ensemble
consacré à la Loire).
Même discrétion frileuse dans la presse : je ne vois que
le Point et dans une moindre mesure le Monde comme organes généralistes sachant accorder une
place au vin de manière suivie.
Pont de Recouvrance, retour de l’espérance : Eicher
s’est tu, moi aussi.
François : « Fais-nous un édito à la Jean Giono, comme Jean-Paulo ! »
Gildas : « C’est vrai, quel talent, il devrait écrire tous les mois… »
François : « Là, je suis enfin d’accord ! »
Gildas